Arthroscopie des lésions méniscales

L’arthroscopie a d’abord été destinée à l’étude des articulations de grandes tailles comme le genou ou l’épaule. Ce n’est plus le cas aujourd’hui puisqu’on l’utilise également pour les articulations présentant une cavité de petite dimension, comme le coude et la cheville.

 

Cette évolution d’utilisation a été permise par la miniaturisation des instruments chirurgicaux. Il est donc désormais possible d’avoir une vision en direct des différentes cavités des articulations pendant l’intervention chirurgicale. Pour ce faire, plusieurs incisions de petites tailles sont réalisées. Par l’un des orifices créés, le chirurgien introduit une caméra miniature afin d’observer en direct la progression des instruments chirurgicaux nécessaires à la réalisation des soins.

 

Cette méthodologie permet également d’observer et de palper les ménisques ainsi que les différentes structures ligamentaires présentes à l’intérieur de l’articulation, mais également les cartilages et la synoviale. Il est d’ailleurs possible qu’un prélèvement en vue d’analyses par un laboratoire soit effectué sur la synoviale.

 

L’arthroscopie est donc pour ces raisons la technique parfaite pour :

 

 

Il est également possible de combiner une arthroscopie à une opération chirurgicale traditionnelle ouverte dans l’objectif d’avoir des conditions techniques et une précision optimale.

Vue endoscopique d'un ménisque sain
Vue endoscopique d'un ménisque sain

Ci-contre, vue endoscopique d'un ménisque sain.

Définition

Ce sont des tissus denses, fibreux et triangulaires à la coupe qui composent les ménisques du genou. Ils sont situés entre le fémur et la partie haute du tibia. Les faces supérieures et inférieures restent libres, c’est à la base du triangle sur la paroi du genou que la fixation s’opère.

 


Lorsque la jambe est en position d’appui, les surfaces du ménisque vont entrer en contact avec leur version cartilagineuse du fémur et du tibia. Les ménisques disposent d’un degré de mobilité aux mouvements de flexions et d’extensions, mobilité qui se trouve augmentée grâce aux mouvements de rotation du tibia vis à vis du fémur.

 


Les ménisques ont principalement un rôle de joint ou de cale, mais ils participent dans une moindre mesure à la stabilisation du genou.

 


Dans le cas de lésions méniscales larges présentant une languette mobile qui va s’interposer entre le fémur et le tibia, il est possible que cela génère des blocages de l’articulation, ainsi qu’une usure cartilagineuse.

Anatomie du genou

Le genou présente une articulation composée de deux ménisques interne ou médial, externe ou latéral. Le ménisque interne va se présenter en forme de lettre « C » tandis que le ménisque externe est plus fermé, pouvant aller jusqu’à avoir la forme d’un disque, il sera alors appelé ménisque discoïde.


Les ménisques vont aider à ce que les surfaces des articulations du fémur et du tibia s’ajustent le plus parfaitement possible. Cela permet en augmentant la surface de contact de diminuer les contraintes mécaniques ainsi que les risques d’atteintes dégénératives. Malheureusement, ils présentent la faiblesse d’être peu vascularisés. De fait lors de blessures même très légères, leurs capacités de cicatrisation sont faibles.

Étiologie des lésions méniscales

Il existe deux types de lésions méniscales :

 

1 – Les lésions aiguës.

Les lésions aiguës sont liées à la topographie ainsi qu’à la mobilité naturelle du ménisque. Elles vont survenir après un mouvement d’accroupissement, le ménisque interne va reculer et subir un véritable écrasement lorsque la jambe sera remise en extension. Celui-ci va alors se retrouver pris en étaux entre le condyle fémoral et le plateau tibial correspondant.


Cela va amener à une déchirure partielle ou complète. Le degré de déchirure va dépendre de l’axe du ménisque, et va provoquer une « anse de seau » qui peut éventuellement s’interposer de façon permanente entre le fémur et le tibia.

Lorsqu’une telle situation se produit, le blocage est très douloureux et irréductible.


Le ménisque peut être également être atteint suite à une entorse qui provoque une lésion ligamentaire et induit un déplacement inhabituel d’importance des pièces osseuses les unes vis à vis à des autres.

2 – Les lésions chroniques.

Il s’agit des lésions du ménisques les plus courantes. Elles peuvent être isolées ou reliées à une atteinte ligamentaire méconnue.

 

Dans la plupart des cas, ce sont des lésions complexes du ménisque, mais qui sont évocatrices chirurgicalement. Il y a un tassement, une fissuration partielle, la présence de lésions sur plusieurs segments du ménisque, des fragments méniscaux sont libres dans l’articulation.

 

Dans la majorité des cas, lors de l’échange entre le patient et le médecin, il n’est pas possible de mettre en évidence un traumatisme particulier qui serait à l’origine des troubles subis.

Vue endoscopique d'une lésion méniscale
Vue endoscopique d'une lésion méniscale

Ci-contre, vue endoscopique d'une lésion méniscale

Signes cliniques des lésions méniscales

Il existe deux tableaux cliniques pour déterminer s’il s’agit d’une lésion aiguë ou d’une lésion générative ou chronique.

1 – Les lésions méniscales aiguës.

Le signe d’une lésion méniscale aiguë est un blocage méniscal.

 

Il s’agit d’une forme dont l’occurrence est la plus faible, mais qui met en évidence une probable déchirure du ménisque. De part une gêne tant douloureuse que mécanique, il est impossible d’allonger le genou après avoir plié celui-ci.

 

Il reste possible dans ce cas de figure de plier le genou, mais la rectitude du genou comparative à une articulation saine est impossible à atteindre. Le moindre mouvement d’hyper allongement va déclencher une très vive douleur.

 

Le blocage est provoqué par un fragment du ménisque qui s’est inséré entre un condyle et le plateau tibial. Dans la plupart des cas une hydarthrose se produit. Il s’agit d’une impression de gonflement de l’articulation.

 

La durée d’un blocage peut être variable, il est possible que douleurs disparaissent progressivement quasi totalement sous quelques jours, avec une prise d’antalgiques et d’anti-inflammatoires.

2 – Les lésions méniscales chroniques.

Dans les cas où il n’y a pas d’épisode de blocage brutal, ou d’événement passé du même genre, il est plus difficile de diagnostiquer une lésion du ménisque. Cela peut prendre plusieurs mois voire plusieurs années pour que ce qui est pris pour des séquelles d’entorses ou une tendinite soit identifié comme étant une lésion méniscale chronique. Au cours de son intervention, le chirurgien découvrira chez la majorité des patients des lésions dégénératives sur la face postérieure du ménisques interne et sur la partie antérieure du ménisque externe.

 

Les sports d’endurance provoquent plus facilement ce type de lésions.

 

Que les lésions soient aiguës ou chroniques, il existe des tests cliniques associant des mouvements de flexions et de torsion de la jambe pour obtenir le diagnostic le plus affiné possible.

Examens paracliniques des lésions méniscales

Dans le cas de médecins étant fréquemment amenés à rencontrer des patients souffrants de lésions méniscales, il est, la plupart du temps, possible d’éviter d’utiliser l’arthrographie pour confirmer le diagnostic.

 


Toutefois, une arthrographie ou d’autres examens peuvent être nécessaires dans les cas où le diagnostic est incertain, ou si il y a une pathologie associée aux lésions méniscale.

Évolution des lésions méniscales non traitées

De part leurs faibles vascularisations et de leurs capacités de régénérations réduites, les lésions méniscales vont, dans le meilleur des cas, rester stables et dans le pire, s’étendre et s’aggraver.

 


L’extension des lésions va survenir pendant les crises de l’articulation, les poussées douloureuses présentant des blocages, des épanchements, des sensations d’insécurité. Cela peut se produire lors d’accroupissements, de torsions ou si les activités professionnelles ou physiques augmentent.

 


Il faut savoir concernant la conservation méniscale que les lésions suturables ne pourront avoir de chance de cicatriser si le traitement est mis en place trop tardivement.

 


Au fur et à mesure que les lésions vont s’étendre, l’articulation va se bloquer de plus en plus souvent, les capacités physiques en seront affectées et cela conduira à renoncement sportif.

 


Chez les personnes présentant certains caractéristiques comme un genou varum ou un genou valgum, le potentiel arthrosique est augmenté.

Traitement chirurgical des lésions méniscales

Le traitement peut s’effectuer sans pratiquer de grandes ouvertures de l’articulation en effectuant une intervention par arthroscopie. Deux à trois incisions de tailles très réduites permettront une exploration globale de l’articulation et ce de manière complète. Il sera ainsi possible de contrôler les deux ménisques, ce qu’il est important de faire puisque 10 à 20 % des patients présentent une affection des deux ménisques.

 


L’intervention aura lieu soit sous anesthésie générale, soit sous anesthésie locale, avec la majorité du temps la pose d’un garrot pneumatique à mi-cuisse pour prévenir un afflux de sang dans l’articulation.

 


L’anesthésie sera l’occasion pour le chirurgien d’effectuer un contrôle complet du genou, en vérifiant, entre autres, les ligaments. Lors de l’opération tous les compartiments de l’articulation seront contrôlés les uns après les autres. Les ménisques présentant des lésions peuvent soit être recousus, soit le chirurgien optera pour un retrait de la partie dévitalisée et non fonctionnelle. L’ablation sera réalisée d’un seul tenant, ou, en recourant à une fragmentation avec aspiration des morceaux.

 


L’objectif du chirurgien est de conserver la plus grande partie du ménisque sain, et d’effectuer une retaille du ménisque pour qu’il retrouve la forme la plus proche de celle qu’il avait à l’origine.

Si une taille irrégulière était effectuée, il existerait un risque de récidive de lésion sur le ménisque.

La partie conservée du ménisque est celle présentant l’épaisseur la plus importante. Il est primordial de s’efforcer de conserver cette partie au maximum.

 


À la fin de l’arthroscopie, un lavage articulaire très abondant sera effectué.

La combinaison d’incisions de petites tailles ainsi que le lavage précité, permettent que les infections per-opératoires soient exceptionnelles.

 


Cette chirurgie rencontre un grand succès auprès des patients, pour ses différents avantages :

 

En ce qui concerne le médecin, ce sera à moyen et long terme qu’il appréciera les avantages de la chirurgie arthroscopique.

 


L’exploration étant complète, on évite de passer à côté d’une lésion présente sur l’autre ménisque ou d’une lésion associée.

Vue endoscopique : avant traitement
Vue endoscopique : avant traitement

Vue endoscopique : avant traitement

Vue endoscopique : après traitement
Vue endoscopique : après traitement

Vue endoscopique : après traitement

Chirurgie ambulatoire des lésions méniscales

L’intervention s’effectuant en ambulatoire, le patient est admis le matin dans le service de chirurgie et regagne la plupart du temps son domicile le soir même.

Indisponibilité et réhabilitation

Il est possible de conduire 24 heures après l’opération.

Il est possible de reprendre une activité scolaire ou professionnelle sédentaire après 2 à 3 jours.

 


Dans le cas d’activités professionnelles intenses physiquement ou demandant des positions accroupies de façon prolongée, il faut prévoir 3 semaines d’arrêt en moyenne.

 


Il est possible de reprendre la natation et le vélo après 8 jours.

 


Il sera possible de plier totalement le genou sous 3 semaines.

 


Pour les sportifs l’entraînement pourra recommencer après 3 semaines, et les compétitions après 4 à 5 semaines.

 


Les durées mentionnées ci-dessus sont sous réserve d’absence d’atteinte cartilagineuse ou ligamentaire. Elles ne concernent que des lésions méniscales isolées.

Complications post-opératoires des lésions méniscales

De part son mode opératoire, les complications sont exceptionnelles. Elles doivent être distinguées de l’évolution naturelle d'un genou comportant des lésions associées, ligamentaires ou pré-arthrosiques qui pourront évoluer de leur propre fait.

 

Voici par ordre de gravité croissant les complications temporaires éventuelles, notez que l’arthrite aiguë est exceptionnelle :

 

 

Un épanchement de l’articulation se résorbant sous 10 jours. Si l’épanchement est important cela peut provoquer des douleurs et limiter la flexion du genou, qui peuvent mettre plusieurs mois pour disparaître totalement. L’évolution s’effectue en dent de scie, en fonction de l’activité physique. Une ponction évacuatrice ne donnera aucun résultat. Si l’épanchement persiste, cela peut être le signe d’un syndrome algodystrophique.

 

Il est courant d’observer une sensibilité et un épaississement accompagné de tuméfaction des zones d’incision. Des massages et une recherche d’hyper flexion viendront à bout de la gêne en quelques semaines.

 

Il s’agit d’une complication rare tant que le genou n’est pas atteint par d’autres lésions associées. Il est possible que quelques séances de rééducation soient nécessaires pour retrouver une flexion totale.

 

En l’absence de suppression d’appui post-opératoire et d’alitement, cette complication sera généralement causée par une prédisposition du patient présentant des facteurs de risques. Il sera nécessaire de recourir à un traitement anti-coagulant plus efficient et sur une période plus longue.

 

Il s’agit d’une complication banale que l’on rencontre sur toute chirurgie articulaire. Son occurrence est moindre. Il n’y a pas de traitement spécifique.

Elle peut ternir le résultat d’une intervention très simple et avec peu, voir pas de suite, de par l’apparition de raideurs et douleurs résiduelles.

 

Il s’agit de la complication la plus redoutée concernant le pronostique fonctionnel. Son occurrence est d’une faiblesse extrême grâce au nettoyage articulaire effectué avec une grande quantité de liquide ainsi que fiabilité du matériel de chirurgie à usage unique. L’occurrence de la survenue d’une arthrite aiguë est majorée par des facteurs tel que l’artérite, le diabète, le tabagisme.

Résultats

Il s’agit d’une méthode confortable pour le patient compte tenu de l’absence d’hospitalisation longue durée, d’une récupération rapide et d’incisions de petite taille. Il est possible d’explorer en même temps l’articulation au complet. Elle permet une conservation de tissu méniscal accrue pour la partie saine, et de respecter la physiologie lors de la découpe de ce fibro-cartilage.

 

En dehors de complications, des résultats insuffisants sont la conséquence de lésions associées, plus particulièrement de type cartilagineuses et ligamentaires.

Chirurgie du ménisque par arthroscopie - Dr Mirbey à Dijon (21)